“Là où il n’ y pas de crainte de D il n’ y a pas de Sagesse, et (inversement) là où il n’ y pas de Sagesse
(de la Torah) il n’y pas de crainte de D !”
Cette sentence qui dans sa formulation est contradictoire est résolue par la Hassidout qui fait remarquer qu’il y a en réalité 2 niveaux de crainte : la crainte inférieure qui est la crainte primaire, simple du péché et la crainte supérieure qui est celle qu’inspire la conscience de la grandeur de D et conjointement de notre petitesse ce qui provoque un sentiment de “honte” d’exister face à Lui!
Développons pour mieux comprendre. Dans le cours précédent nous avions souligné que Rabbi Yohanane ben Zakaï avait souhaité à ses élèves avant de quitter ce monde :” Fasse que vous ayez la crainte de D de manière au moins équivalente à celle que vous éprouvez devant un autre homme !”. Car lorsqu’un homme faute son 1er réflexe est de regarder que personne ne l’a vu ! C’est cette crainte qui est appelée inférieure même si elle inspirée par la prise de conscience de la grandeur de D et du fait qu’Il délaisse ses mondes supérieurs pour descendre sur l’assemblée d’Israël, car cette prise de conscience 1ère ne nous amène pas plus loin que de craindre de fauter. Cependant une fois ce niveau atteint l’étude de la Torah qu’elle engendre permet d’envisager de manière profonde et sensible la grandeur de D. Du coup cela permet d’éprouver ce sentiment de honte d’exister devant Lui, ce dont nous venons de parler un peu plus haut ! C’est la crainte supérieure!
Le Tanya poursuit avec la symbolique de l’oiseau qui ne peut voler avec une seule de ses ailes ! Les ailes sont la crainte et l’amour que l’on doit éprouver envers D. Force est donc de conclure, comme nous l’avions déjà souligné, que l’amour seul, même s’il est immense, ne peut permettre à nos mitsvots, à notre Torah, à notre Néchama… représentés par le corps de l’oiseau de s’envoler vers le Créateur, le préalable de la crainte est nécessaire !
Il y a par ailleurs un avantage à la crainte par rapport à l’amour ; c’est que tant qu’à ne posséder que l’un des 2 la crainte permet à l’homme d’être appelé un serviteur de D, ce qui n’est pas le cas lorsque l’amour seul est actif.
Cependant comme nous venons de le dire la crainte est une condition nécessaire mais insuffisante pour permettre à nos mitsvots, à notre Torah, à notre Néchama… représentés par le corps de l’oiseau de s’envoler vers le Créateur. Il faut donc même si nous éveillons en 1er cette dernière éveiller aussi à tout le moins l’amour naturel que possède chacun d’entre nous. Et si ceci est difficile il faut se souvenir que chaque juif possède même de manière inconsciente cet amour. Et le souvenir est comme l’amour lui même !
Les Tossefot ( Guémara de Chabbat page 44) apportent une remarque contraire à tout ce que le Tanya vient de dire. En effet ils expliquent que la colombe, lorsqu’elle est fatiguée, peut voler en faisant battre alternativement une seule de ses ailes, le temps de laisser reposer l’autre !!
Alors quoi ? En réalité il n’y pas de contradiction entre les 2 opinions.
On peut en effet remarquer que si la colombe peut voler avec une seule aile c’est qu’elle en possède deux qui fonctionnent. Dans ce cas et seulement dans ce cas elle peut en laisser une se reposer de temps en temps. Celui qui possède conjointement l’amour et la crainte peut à l’instar de la colombe laisser un des deux au repos un instant cela ne l’empêchera pas de “voler” !
Il y a une autre manière amenée par le Midrache d’élucider cette contradiction apparente; même lorsque la colombe ne se sert que d’une seule de ses ailes l’autre aile bat malgré tout, faiblement certes, mais elle bouge. De même celui qui possède un grand amour et une petite crainte ou inversement. C’est ce que l’Admour Hazaken a cherché à nous prouver au cours de ce chapitre et c’est rassurant !
Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek,