“IL EST CACHÉ DE TOUS LES CACHÉS” TANYA CHAP 51 (4E PARTIE)
Nous avons expliqué que l’essence de l’âme que D nous a donnée est parfaitement pure, d’une infinie puissance, et au delà de tous les aspects différents de ce monde et du corps. Elle ne subit aucune différention. D’un autre côté l’âme investit bien chaque membre selon la spécificité de chacun d’eux ! C’est donc un vrai paradoxe et une difficulté puisque chaque membre du corps reçoit la même vitalité, le même flux de l’âme sans aucune distinction et dans le même temps il est nécessaire que ce flux soit spécifique à chacun d’eux pour qu’il reçoive la vitalité qui lui est appropriée !
Le Tanya a donc envisagé un troisième élément intermédiaire ; c’est le reflet de l’âme qui seul descend dans ce monde et réside dans le cerveau. C’est donc ce reflet ou flux qui réside à l’état potentiel dans le cerveau qui va ensuite irradier chaque membre en lui apportant la vitalité différenciée qui lui est nécessaire. Pour illustrer cette idée on peut comparer cela à la lumière blanche qui en traversant un prisme de verre, ou un nuage ( arc en ciel), va se décomposer en plusieurs lumières (ou radiations) colorées. C’est la preuve que cette lumière blanche possède en potentiel ces différentes couleurs avant même de passer à travers le prisme. De la même manière le reflet de l’âme détient en potentiel la faculté de se subdiviser en vitalités différentes et adaptées.
La suite de ce chapitre va maintenant aborder et résoudre une difficulté similaire qui se pose avec le Beit Hamikdache, puisque il est connu que la présence de D, (la Chekhina) y réside, alors qu’il est par ailleurs évident que nul endroit de l’univers n’est vide de Lui ?! Ni d’ailleurs départi de la vie spécifique qui l’anime ! En effet la vie, le flux Divin qui anime le minéral, ne peut être identique à celle qui anime le végétal, ou l’animal et encore moins l’homme ! En résolvant la première problématique le Tanya va nous permettre de résoudre celle-ci.
En substance il y a tout d’abord l’Essence de D qui bien qu’elle soit présente ne subit aucune variation. Il y a un niveau final qui est la vie Divine qui s’habille et anime les espèces selon leurs différences comme explicité plus haut : le minéral, le végétal…et même selon les endroits Eretz Israël et le reste du monde.. C’est ce qui explique que tel ou tel ne possède pas le même niveau de Kedoucha, de Sainteté ! Il y a enfin un niveau intermédiaire qui est le Kodech Ha Kodachim, lieu central du Beit Hamikdache.. ce niveau sera développé au chapitre 52, les deux autres vont l’être dans la foulée.
Reprenons notre texte:
וככה ממש, על דרך משל, אין סוף ברוך הוא ממלא כל עלמין להחיותם
C’est exactement comme cela, pour prendre une image, que le Ein Sof, béni soit-Il, emplit tous les mondes, pour leur donner vie.
ובכל עולם יש ברואים לאין קץ ותכלית, רבוא רבבות מיני מדרגות מלאכים ונשמות כו׳
En chaque monde existent des créatures, sans limite ni fin, des myriades de myriades de niveaux d’anges et d’âmes…
וכן ריבוי העולמות אין לו קץ וגבול, גבוה על גבוה כו׳
et de même, [il existe]une multitude de mondes sans fin ni limite, l’un au-dessus de l’autre…( le texte fait un parallèle avec les différents membres du corps)
והנה מהותו ועצמותו של אין סוף ברוך הוא שוה בעליונים ותחתונים, כמשל הנשמה הנ״ל
Or, l’être, l’essence du Ein Sof, béni soit-Il est identique dans les mondes supérieurs et inférieurs, comme dans l’image de l’âme mentionnée précédemment,
וכמו שכתוב בתיקונים: דאיהו סתימו דכל סתימין
ainsi qu’il est écrit dans les Tikounei Zohar: «Il est caché de tous les cachés».
פירוש: דאפילו בעלמין סתימין דלעילא הוא סתום ונעלם בתוכם, כמו שהוא סתום ונעלם בתחתונים
Cela veut dire non pas qu’Il est plus caché que tous ceux qui sont cachés, mais qu’Il est caché de ceux-là même qui sont cachés, c’est-à-dire que même dans les mondes supérieurs et cachés, Il est caché et dissimulé à l’intérieur d’eux, tout comme Il est caché et dissimulé dans les mondes inférieurs,
כי לית מחשבה תפיסא ביה כלל, אפילו בעולמות עליונים
car aucune pensée ne peut Le saisir, même dans les mondes supérieurs. ( L’essence de D est totalement cachée même pour ceux qui appartiennent aux mondes les plus hauts..)
ונמצא: כמו שמצוי שם, כך נמצא בתחתונים ממש
Il s’ensuit que tout comme Il se trouve là (dans les mondes supérieurs), ainsi se trouve-t-Il dans les mondes inférieurs vraiment. ( Il y est présent sans différence aucune)
וההבדל שבין עולמות עליונים ותחתונים הוא מצד המשכת החיות אשר אין סוף ברוך הוא ממשיך ומאיר בבחינת גילוי מההעלם
La différence entre mondes supérieurs et inférieurs est [à faire] au regard du flux de vitalité que le Ein Sof béni soit-Il attire et fait rayonner sur un mode de «révélation [émergeant d’un état] de dissimulation»
[שזה אחד מהטעמים שההשפעה והמשכת החיות מכונה בשם אור על דרך משל]
(cela étant l’une des raisons pour laquelle l’influence, le flux de vitalité est figurativement qualifié de «lumière»)
-Et non de celui de flux ! Cela vient illustrer le fait que le trait lumineux à l’endroit de sa source n’est pas visible ; il est caché et nécessite une révélation. On voit là une distinction majeure entre l’image de la lumière et celle d’un flux (tel, par exemple le cours d’eau qui reste comparable à sa source et en aval.) Et bien entendu cette lumière dévoilée ne dévoile qu’une infime partie de ce qu’elle est réellement à sa source.
להחיות העולמות והברואים שבהם
pour donner vie aux mondes et aux créatures qui s’y trouvent.
שהעולמות העליונים מקבלים בבחינת גילוי קצת יותר מהתחתונים
Car les mondes supérieurs reçoivent [cette lumière et vitalité]de manière un peu plus révélée que les mondes inférieurs;
וכל הברואים שבהם, מקבלים כל אחד כפי כחו ותכונתו
et tous les êtres créés à l’intérieur [des mondes supérieurs]reçoivent (cette lumière révélée, mais) chacun selon sa capacité et sa nature,
שהיא תכונת ובחינת המשכה הפרטית אשר אין סוף ברוך הוא ממשיך ומאיר לו
cela étant la nature et la dimension du flux particulier que le Ein Sof lui dispense et [par lequel]Il l’illumine.
והתחתונים, אפילו הרוחניים, אינם מקבלים בבחינת גילוי כל כך
[En revanche,] les mondes et créatures inférieurs, même ceux qui sont spirituels, ne reçoivent pas la force vitale divine dans une forme aussi révélée que les mondes supérieurs,
רק בלבושים רבים, אשר אין סוף ברוך הוא מלביש בהם החיות והאור אשר ממשיך ומאיר להם להחיותם
mais seulement au moyen de nombreux vêtements, dont le Ein Sof, béni soit-Il, habille la vitalité et la lumière qu’Il dispense et fait briller pour eux afin de leur donner vie.
En conclusion l’Essence de D nous dépasse totalement et n’est en aucun cas perceptible intellectuellement. En revanche D nous a laissé la possibilité de nous attacher à son Essence , et l’on comprend du coup l’importance d’une annulation totale à Lui qui au fond seule permet de la «saisir» chaque fois que nous réalisons la plus petite Mitsva [mot qui a pour étymologie attachement]. C’est ce qui nous a été dit lors du don de la Torah : « Je suis l’Eternel Ton D.ieu ». Lui, autrement dit Son Essence et non son Reflet !
Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek