Le Tanya nous fait remarquer au cours de ce chapitre que tout un chacun d’entre nous possède à sa manière un niveau, du potentiel de Moché qui lui permet facilement d’atteindre la crainte de base. Ce niveau d’attachement à D que Moché a transmis à chacun d’entre nous, toutes catégories de Néchama confondues, nous pouvons le “capter” en nous attachant aux Tsadikim de la génération qui tirent leur force de Moché. Un exemple particulier certes, mais illustrant bien ce travail du haut vers le bas, est celui de Rabbi Hanina ben Dossa qui par les miracles qu’il opérait transmettait ce Daat.
Mais il y a parallèlement à ce dévoilement du haut vers le bas une avodah qui incombe à chacun d’entre nous et qui suit le processus exactement inverse ; soit du bas vers le haut. Ce travail se fait par étapes graduelles de conscience.
La 1ère donnée par le Tanya pour obtenir cette crainte et cette annulation est, pour mémoire, d’avoir présent à l’esprit ce qu’énonce la 1ère Michna par la voix de Rabbi Yéhoudah Ha Nassi dans le 2ème chapitre des Maximes de nos Pères: ” Souviens toi de ce qu’il y a au dessus de toi : un œil voit, une oreille entend, et toutes tes actions sont inscrites dans un livre”.
La 2nde, plus fine, est celle qui consiste à réaliser que D connaît ses créatures, les voit et les entend, non par une connaissance extérieure mais plutôt à l’image du ressenti que l’homme a de lui même et que nul autre que lui ne peut percevoir. Nous sommes en Lui.
Enfin la 3ème, consiste en la prise de conscience de D induite par la seule Emounah, détachée de toute forme d’analyse. A ce niveau l’Essence de D est enfin « palpable », car toute approche intellectuelle se trouve de fait limitée, il faut faire intervenir la perception de la néchamah.. La conséquence est alors une crainte et un désir d’annulation à D sans aucune commune mesure avec celle obtenue par les 2 étapes précédentes.
Mais alors comment avoir une perception vraie de D au travers du prisme qu’impose le corps? C’est ce que démontre Hassidout Habad, et en particulier notre texte aujourd’hui, au travers d’un énoncé humain qui consiste à réaliser que si l’on se trouve en présence d’un roi de chair et de sang, qui dort, alors en dehors de la peur qu’il se réveille il n’inspire pas de crainte. C’est la preuve que la crainte que ce roi inspire n’est due qu’à son aspect spirituel, à son intériorité, à sa vie et le corps n’est qu’un outil pour véhiculer ces forces. A l’instar de cet exemple la vraie crainte de D n’est due qu’à la prise de conscience de son aspect Divin, si tant est que l’on puisse s’exprimer ainsi. Dans ce cas toute proportion gardée le corps de D, si on veut faire un parallèle avec notre exemple, c’est l’univers et tout ce qui le compose. C’est ce dernier qui nous permet intellectuellement de réaliser qu’il y a une vie qui l’anime et cette vie c’est D ! L’univers en soi n’est rien.
Bien sûr c’est sous différents angles que l’on peut porter un regard sur le monde. Ainsi le menuisier regardera une table en imaginant comment elle est construite, le scientifique y verra les atomes qui la composent, l’homme simple n’y verra qu’un simple bout de bois utile. Mais le Tsadik, et c’est ce qui nous est demandé, tentera de voir la vie Divine qui permet à cette table d’exister !
C’est en ce sens que la Guémara Brakhot à la page 5 illustre ainsi cette idée : « De même que l’âme emplit le corps (et le fait vivre) D emplit et anime le monde. »
C’est l’enseignement que l’on peut tirer de l’histoire de Pourim. Certainement que les acteurs qui l’ont vécue n’ont pas détecté à chaque instant de son déroulement l’action de D. D’ailleurs le Nom de D est le seul qui n’apparaît pas dans la Méguila. En revanche après coup et en analysant, en relisant génération après génération la Meguila on réalise tout ce qui s’est fait « en coulisse ». C’est de cette manière aussi que nous devons regarder nos vies et voir que c’est ce qui est invisible à nos yeux de chair qui est la seule vérité !
Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek,