Tout un chacun d’entre nous possède à sa manière un niveau, du potentiel de Moché qui lui permet facilement d’atteindre la crainte de base. Ce niveau d’attachement à D que Moché a transmis à chacun d’entre nous, toutes catégories de Néchama confondues, nous pouvons le “capter” en nous attachant aux Tsadikim de la génération qui tirent leur force de Moché. C’est une action du haut vers le bas.
D’un point de vue inverse Hassidout Habad explique qu’il y a, parallèlement à cette action du haut vers le bas, un travail diamétralement opposé du bas vers le haut à réaliser. Lequel ? Et bien imaginons que l’on se trouve en présence d’un roi de chair et de sang, qui dort, alors en dehors de la peur qu’il se réveille il n’inspire pas de crainte. C’est la preuve que la crainte que ce roi inspire n’est due qu’à son aspect spirituel, à son intériorité, à sa vie et le corps n’est qu’un outil pour véhiculer ces forces. A l’instar de cet exemple la vraie crainte de D est initiée par la prise de conscience du Divin qui agit « en coulisse » et anime les mondes. Ce qui revient à dire, toute proportion gardée, que le corps de D c’est l’univers et tout ce qui le compose, et que celui-ci n’existe que parce que D l’anime et le transcende. Ce travail qui nous permet intellectuellement de réaliser qu’il y a une vie qui anime les mondes et que cette vie c’est D, c’est cela le travail du bas vers le haut !
Ce n’est évidemment en rien une vision qui ne débat que de l’immanence de D mais la recherche permanente de D transcendant et animant le monde. Car en soi l’univers en soi n’est rien d’autre que la marionnette qui permet à celui qui essaye de comprendre son fonctionnement que quelqu’un la fait bouger. Ce n’est donc évidemment pas la prise de conscience de l’immensité de l’univers qui amène à la crainte de D mais la prise de conscience de ce que nous ne voyons pas et qui permet à l’univers d’exister !
Mais cette prise de conscience, qui au demeurant doit être soutenue, n’est pas accessible de la même pour chacun d’entre nous, car nos facultés intellectuelles entre autres ne sont pas identiques. C’est pourquoi le Tanya explique en substance dans une note :
Il est également perceptible avec le regard de l’œil humain de voir comment ces astres qui composent l’univers sont annulés à Sa Lumière bénie par le fait qu’ils se «prosternent» eux-mêmes tous les jours vers l’ouest. Comme les rabbins, de mémoire bénie commentent le verset: “Et l’armée des cieux T’adore” car la Chekhina demeure à l’ouest, et leur orbite quotidienne se dirige vers l’ ouest dans une sorte de prostration et d’ auto-annulation. Même celui qui n’a jamais vu le Roi et ne Le reconnaît pas du tout, du fait que lorsqu’Il entre dans la cour royale il voit de nombreux honorables princes se prosterner devant Lui la conséquence est que lui même est saisi de peur et de crainte.
Le Rambam rapporte que les astres ont un esprit, ce ne sont pas de simples êtres inertes, et c’est la raison pour laquelle toute proportion gardée à l’instar des anges qui chantent la louange à D, et Lui sont totalement annulés, eux aussi glorifient D et se prosternent devant Lui ! Et lorsque Yéochouah a arrêté la course du soleil c’est parce que ce dernier a cessé de louanger D et par la même il s’est trouvé immobilisé.
En conclusion celui qui n’a pas la capacité d’emblée de saisir D qui anime les mondes peut dans un 1er temps au vu de la manière dont se prosternent ses « ministres », les astres, être saisi de la crainte évoquée qui doit être obtenue par un effort du bas vers le haut.
Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek