Moché est du niveau de Daat qui, au delà de son sens premier de connaissance, signifie plus profondément l’attachement à D. Il fait partie des 7 bergers d’Israël (Abraham, Itshak, Yaacov, Yossef, David, Moché et Aaron). Tous ceux-ci sont appelés bergers car ils apportent la « nourriture spirituelle » à Israël. Cependant Moché englobe les 6 autres, ainsi que le souligne le Zohar qui l’appelle le berger fidèle par excellence.
Ce niveau d’attachement à D que Moché a transmis à chacun d’entre nous, toutes catégories de Néchama confondues, nous pouvons le “capter” en nous attachant aux Tsadikim de la génération qui tirent leur force de Moché.
Enfin rappelons un dernier point évoqué au cours précédent concernant le Daat, qui au demeurant résulte des 2 facultés intellectuelles le précédant que sont Hokhmah et Binah. Le Daat est appelé attachement car même lorsqu’on a appris un enseignement on n’en pas une connaissance consciente permanente. Le Daat est l’attachement provoqué par cette connaissance qui lorsqu’elle bascule dans l’inconscient permet à l’enseignement d’être toujours à l’œuvre. Il y a une notion d’intimité, d’intériorité dans Daat, c’est certainement la raison pour laquelle la 1ère fois que ce mot est employé c’est à propos du rapprochement d’Adam et d’Eve, car le texte utilise le verbe connaître ; « Adam connu Eve » mettant ainsi en relief cette notion d’intimité, d’intériorité.
Aujourd’hui le texte vient nous préciser que les Tsadikim et plus particulièrement le Chef de la génération possèdent des étincelles de Moché ! Il est stipulé étincelles et non reflet, ce n’est pas une influence de Moché mais une partie de son âme en quelque sorte, qui s’habille dans leurs corps et dans leurs âmes ! L’ordre est évidemment étrange on se serait attendu à ce que le Tanya écrive ceci en ordre inverse ; l’âme puis le corps ! Nous expliquerons plus loin le pourquoi de cette étrangeté.
On peut dire pour être plus précis qu’il y dans l’ordre décroissant 3 niveaux d’épanchement de l’influx de Moché : le Chef de la génération, les Tsadikim de la génération et en bout de piste le niveau qui s’habille dans la néchamah du simple juif !
Le service de D va d’après notre cœur, et celui-ci fonctionne selon le degré de Daat, la connaissance de D et notre attachement à Lui. C’est ce que souligne le verset : “Connais l’Eternel ton D et sers Le d’un cœur entier”. On voit bien que le cœur va d’après le Daat. Du coup la manière de servir D aussi, de sorte que ce service soit initié et entretenu non par soumission mais par désir.
Dans les temps futurs, quand Machia’h viendra, ce Daat n’aura plus besoin d’intermédiaire pour être activé.
Pour illustrer cette notion de Daat encore une fois, car elle est complexe à expliquer, la Hassidout donne un exemple. Il y a des techniciens de la peinture qui sont capables de reproduire trait pour trait un paysage, un visage mais la vie qui anime ce visage ou ce paysage n’est pas présente dans leur œuvre. En revanche l’artiste, que symbolise le Tsadik de la génération, va produire un dessin qui frappera le spectateur par la révélation de la vie qui anime le sujet. Ceci vise à nous expliquer encore une fois, s’il en était besoin, que la connaissance qui se cache derrière le mot de Daat n’est pas une connaissance technique mais c’est l’enseignement de D Lui même. Ce n’est pas l’enseignement de la Torah de manière scolaire mais c’est un enseignement qui nous la fait VIVRE véritablement !
Revenons comme promis à cette étincelle de Moché qui éclaire le corps et les âmes des Tsadikim de la génération. Cet ordre vient mettre en relief que même le corps des Tsadikim permet d’obtenir l’attachement à D, ce fameux Daat. C’est ce que souligne la remarque de Rabbi dans le Talmud, qui affirmait que son esprit s’était aiguisé à la simple vue de son Maître Rabbi Méir. Et s’il avait pu le voir de face, disait-il, l’effet aurait été plus grand, plus fort !
On peut comprendre à présent qu’une visite à Baba Salé de son temps, même lorsque ne connaissait pas vraiment son enseignement, par manque d’étude ou de capacité, restait un moment d’absorption de ce Daat, d’influence de cette étincelle de Moché qui se transmet aussi par le corps des Tsadikim.
Un autre exemple est celui de Rabbi Hanina ben Dossa qui par les miracles qu’il opérait transmettait aussi ce Daat.
En conclusion et pour une dernière fois le Daat n’est pas une connaissance intellectuelle, scolaire mais la transmission par le biais de paroles, de miracles, de vision de sainteté d’un Tsadik qui affecte la profondeur de l’âme de chacun d’entre nous !
Cours du Rav Yossef David Cohen résumé par Méir Amzelek